Fraudes aux streams, bruits blancs, seuil minimal, voici ce qui vous attend.
Petit retour en arrière sur les débuts du streaming
La petite histoire de Spotify
Je passe parfois pour la défenseuse de Spotify. Quand beaucoup critiquent cette plateforme.
C’est peut-être parce que je n’aime pas qu’on pointe toujours du doigts un seul acteur dans cet écosystème quand les autres ne sont pas mieux, voir pires.
Quand on pointe du doigt une seule entité, je me questionne sur le pourquoi elle ?
Peut-être aussi que, venant d’une époque sans internet (oui, oui), et ayant vu l’évolution de l’indépendance musicale et des possibilités offertes, j’ai vu Spotify comme un “libérateur” pour les musiciens DIY. En effet, Spotify a été précurseur dans le modèle en proposant aux artistes indépendants des guides, outils pour développer leur audience et être visibles en ligne dans le monde entier !
Savez-vous quand a été lancé Spotify et pourquoi ?
Vous êtes peut-être d’une génération qui est née avec les plateformes en streaming.
Moi, je suis de la génération qui a connu les vinyles (avant que ça revienne à la mode), les K7 audios, les premiers CDs, et … les débuts du piratage musical et des MP3 !
Spotify, une entreprise Suédoise (pour une fois, ce ne sont pas des américains..), est développé en 2006. Le public y a accès dès 2008 (pour la version Windows) et 2009 (pour la version Apple).
En 2009, Spotify ouvre ses premiers bureaux à Paris.
L’objectif de Spotify était d’adapter la proposition d’écoute musicale aux nouvelles demandes des utilisateurs en ligne. La musique subissait une perte dans les ventes face à la montée du piratage.
On allait sur le net, sur des logiciels type “Emule” ou encore “Napster”, télécharger des tonnes de MP3 qu’on gravait sur CDs. Forcément, les jeunes que nous étions n’achetaient plus la musique, on la téléchargeait. C’était nouveau ! Et une sacrée révolution (pas forcément positive pour l’industrie musicale).
Spotify, c’est l’idée du : “ok, puisque maintenant les gens veulent écouter la musique en ligne, et ne plus acheter de physique, que peut-on mettre en place pour limiter le piratage en gardant cette possibilité d’écoute en ligne ?”. Le streaming … légal !
« J’ai réalisé qu’on ne pourrait pas légiférer sur la piraterie […]. La seule manière de résoudre le problème, c’était de créer un service meilleur que la piraterie tout en payant l’industrie de la musique » (propos cités par Daniel Ek dans The Telegraph en 2010).
Voilà la naissance du streaming musical.
Bon, je fais rapide, sinon l’article serait trop long.
Comment fonctionne Spotify, quel est son business model ?
Les auditeurs ont deux choix : écouter la musique “gratuitement” ou payer un abonnement.
Pour que Spotify rentre dans ses frais, le compromis pour l’écoute “gratuite” sera la diffusion de publicités. Vous le savez, rien n’est “gratuit”. L’argent doit bien venir de quelque part pour que d’autres ne payent pas.
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Modèle actuel profitable pour Spotify et l’industrie musicale ?
Spotify adopte un modèle économique basé sur le partage des revenus avec les propriétaires des droits musicaux.
En septembre 2014, chaque écoute d’un titre par un utilisateur génère environ 0,006 € pour les détenteurs des droits.
Une somme souvent jugée modeste pour compenser la baisse des revenus provenant des supports physiques, qui enregistraient encore une chute de 13,6 % au cours du premier semestre 2014.
À noter que cette diminution des ventes physiques est constatée même dans des pays où Spotify n’est pas présent !
A la base, les dirigeants de Spotify ont rencontré les majors de l’industrie musicale pour présenter leur modèle économique.
Ces grands acteurs ont accepté ! Et en plus, ont un rôle “d’actionnaire” dans l’entreprise de streaming.
Donc, quand je vois l’industrie musicale tacler Spotify, je souris 🙂
Petit rappel (ceux qui suivent mes formations ont tous ces éléments détaillés) : Spotify reverse environ 70% des revenus aux Maisons de disques, qui elles reversent 10-15% à leurs artistes. En autoproduction, vous récupérez le tout, bien sûr.
En 2016, la rémunération moyenne par écoute attribuée aux ayants droit a diminué pour atteindre environ 0,00327 € pour les artistes sans contrat et 0,00372 € pour ceux sous contrat avec une maison de disque.
Bizarrement, à mesure que le marché du streaming se développe, les rétributions des artistes diminuent.
Début 2023, la direction annonce avoir 205 millions d’abonnés et 489 millions d’utilisateurs actifs, ce qui fait de Spotify la première plateforme de streaming. Cependant, elle annonce également des pertes de 430 millions d’euros en 2022.
Pourquoi, alors, Apple Music a moins de pertes que Spotify ? Parce qu’Apple ne compte pas que sur le streaming musical et a toute sa branche de vente de matériel informatique et High Tech.
Le streaming seul n’est finalement rentable pour personne.
Comment alors changer les choses ? Augmenter l’abonnement des utilisateurs ? Baisser le peu de redevances des artistes et labels ? Quel serait le meilleur modèle ?
Spotify n’a jamais changé son modèle.
Mais on voit bien qu’il ne tient pas la route.
A partir de 2024, les règles vont changer. Enfin, certaines règles (je ne vois pas ce qu’elles vont réellement changer pour les bénéfices de Spotify).
Spotify et son nouveau modèle pour mieux rémunérer les artistes indépendants
Le nouveau modèle de rémunération de Spotify
Sur son blog, Spotify intitule l’article “Moderniser notre système de redevances afin d’injecter 1 milliard de dollars supplémentaires dans les artistes émergents et professionnels.”
J’ai vu beaucoup de choses tourner sur Instagram, YouTube, articles de blog un peu à côté de la plaque, pour faire du buzz à titres de “Spotify ne va plus vous payer !!!”. Voyons en détail ce nouveau modèle, et comment en profiter.
Pourquoi ce changement de modèle ?
Spotify indique que “Alors que les paiements Spotify à l’industrie de la musique continuent de croître – plus de 40 milliards de dollars – nous voulons nous assurer que cet argent va aux personnes que notre plateforme est conçue pour aider : les artistes émergents et professionnels.”
A priori donc, ce changement serait salutaire pour les artistes émergents.
Pourquoi ? Voyons cela en détails.
Les 3 socles qui vont amener plus d’argent
Spotify souhaite :
- dissuader davantage le streaming artificiel,
- mieux distribuer les petits paiements qui n’atteignent pas les artistes,
- freiner ceux qui tentent de jouer avec le système avec du bruit.
Selon les chiffres, ces problèmes représentent un faible pourcentage du total des streams, mais la plateforme pourrait générer environ 1 milliard de dollars de revenus supplémentaires pour les artistes émergents et professionnels au cours des cinq prochaines années en s’y attaquant.
Le streaming artificiel : la fraude aux streams
Le streaming artificiel correspond à l’achat de faux streams, par exemple.
La fraude aux streams ne date pas d’aujourd’hui. Le CNM (Centre National de la Musique) a réalisé en 2023 une étude sur le sujet intitulée : “Faux streams, vrai phénomène : le CNM, avec les professionnels pour lutter contre la fraude”.
C’est un réel problème car même les Majors sont également soupçonnées de trafiquer les chiffres.
Selon Spotify, ceux qui le font volent l’argent “qui devrait être versé aux artistes honnêtes et travailleurs.”. Je suis entièrement d’accord.
Solution : à partir de 2024, les labels et plateformes de distribution (Distrokid, CDBaby, Tunecore etc.) seront pénalisées et auront des amendes lorsqu’un stream sur un titre sera repéré comme étant artificiel. L’objectif est de dissuader cette pratique.
Et j’espère que vous ne le faites pas en tant qu’artiste, car vous vous grillez ! Et risquez gros sur les plateformes.

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Le seuil minimum de redevances
Spotify introduit un seuil minimum pour les flux avant qu’un morceau ne commence à générer des redevances sur le service. Finalement, ce n’est pas nouveau car c’est ce que font déjà la plupart des agrégateurs ou distributeurs.
Quelle sera la nouvelle règle ?
Les titres devront avoir atteint au moins 1 000 écoutes (streams) au cours des 12 derniers mois afin de générer des redevances.
Je vous rassure, dans une optique de développement de visibilité et de projet musical, 1000 streams est totalement atteignable. Si vous avez besoin d’aide pour cela, vous retrouverez les formations des Musiciens DIY.
Mon confrère, The Queen is Dead Records, que j’apprécie beaucoup et que je salue, indique dans son article : “Spotify explique que des dizaines de millions de titres sur leur plateforme ne rapporte que quelques mini-centimes. Les distributeurs digitaux et labels ne reversent pas mensuellement ces sommes microscopiques aux artistes, et attendent d’atteindre un pallier de plusieurs dollars/euros. Spotify considère que ces sommes ne comptent pas et prétend qu’elles sont négligeables et négligées”.
Cela arrive qu’on ne soit pas toujours d’accord sur tout, et heureusement ! (Je vous invite d’ailleurs à lire son article en entier, très instructif). Sur ce point de l’article, je ne suis pas entièrement en accord.
Ce que j’en retiens est que oui, les distributeurs ne reversent souvent pas mensuellement les sommes aux artistes ou labels indés et attendent que les redevances atteignent un certain seuil. Jusque maintenant, j’ai vu peu de professionnels de la musique ou artistes se plaindre de cela.
Mais Spotify est le seul acteur pointé du doigt depuis plusieurs années.
Pourquoi ? A cause d’une phrase malheureuse de son dirigeant disant que les artistes devaient aujourd’hui être plus productifs ?
Ou ses “concurrents” le poussent sur l’échafaud, car Spotify fait de l’ombre en permettant à des milliers d’artistes d’être indépendants ?
Quid de YouTube, Apple, Deezer et autres plateformes qui sous-rémunèrent et offrent encore moins de services aux artistes indés que Spotify ?
Je ne sais pas si Spotify considère que ces sommes ne comptent pas. Mais elles engagent des frais bancaires importants.
« Parce que les labels et les distributeurs exigent un montant minimum pour retirer (généralement 2 à 50 dollars par retrait), et que les banques facturent des frais pour la transaction (généralement 1 à 20 dollars par retrait), cet argent n’atteint souvent pas les téléchargeurs. Et ces petits paiements sont souvent oubliés.” Spotify
Ici, je crois comprendre que ce sont les labels et distributeurs aujourd’hui qui oublient de reverser les “petits” paiements. Peut-être que je me trompe ?
Spotify indique aussi dans son article que « 99,5% de tous les streams ont des titres qui ont au moins 1 000 streams annuels ». C’est plutôt encourageant non ?
Si on regarde du point de vue de la “justice” et de l’équité, je suis d’accord avec mon confrère : les artistes doivent être payés dès le premier centime. Que ce soit par Spotify ET les distributeurs digitaux.
Si on regarde du point de vue de la rentabilité, je suis d’accord avec Spotify.
Ce qui serait un bon compromis : comme le font déjà les distributeurs, que Spotify mette de côté les redevances de l’artiste et les reversent lorsqu’elles atteignent un seuil permettant à chacun d’y trouver de la rentabilité.
Les bruits (bruit blanc, les sons de la nature, les bruits de machine, les effets sonores, l’ASMR non parlé et les enregistrements de silence)
Spotify prévoit d’augmenter la durée minimale des pistes proposant des bruits (blancs etc.) à deux minutes, afin d’être éligible pour générer des redevances.
Jusqu’aujourd’hui, ces bruits étaient rémunérés comme des titres musicaux, dès 30 secondes d’écoute. Certains petits malins ont compris comment en profiter en faisant tourner en boucle du vide sur la plateforme et touchant les rémunérations.
À qui la faute ? Le modèle de redevances ? Les artistes ? Les auditeurs de musique ?
Je vous le répète souvent : Spotify n’est pas un outil pour générer des revenus mais de la visibilité.
Spotify va en sortir gagnant de ce nouveau modèle ? Aucune idée.
Alizée dirait “c’est pas ma faute à moi” (oh la bonne blague ! 🙂 )
Sur leur article de blog, la plateforme indique que “Spotify ne gagnera pas d’argent supplémentaire dans le cadre de ce modèle. Nous utiliserons simplement les dizaines de millions de dollars par année pour augmenter les paiements à toutes les pistes admissibles, plutôt que de les répartir en paiements de 0,03 $.”. Vérité ? Mensonge ?
Les artistes émergents vont-ils vraiment tirer profit de ces nouvelles régles ? Nous verrons cela d’ici un an en regardant et comparant nos revenus avec l’ancien modèle.
Pendant ce temps, nous parlons peu du nouveau modèle pensé par Deezer et Universal Music : Artist Centric (pour mieux rémunérer les artistes connus).
Apple reste l’un des acteurs qui rémunère le mieux les artistes. Nous avons vu dans l’article qu’ils ne dépendant pas du streaming pour faire des bénéfices contrairement à Deezer et Spotify (qui restent en déficit chaque année).
Spotify reste la plateforme qui offre le plus de conseils, services et outils aux artistes indépendants.
Quelle serait la meilleure solution ? Je ne sais pas …
Les consommateurs de musique ont aussi, je le pense, une part de responsabilité dans ce système :
- accepteraient-ils de payer plus cher leur abonnement pour mieux rémunérer les artistes ? Nous savons déjà qu’ils ne payent pas pour les artistes mais pour ne pas être dérangés par la publicité …
- reviendront-ils à l’achat du physique ? Compliqué de revenir en arrière… même si le physique se vend encore, c’est une grosse perte dans les revenus des artistes.
Alors, qui doit faire quoi ? Qui doit se sacrifier ? Faut-il se sacrifier ? Faut-il imposer ? Faut-il revenir à l’époque où seules les maisons de disques décidaient de quel artiste avait le droit d’être diffusé ?
Est-ce qu’un système qui reverse environ 70 % de ses revenus aux ayants droit et offre de la musique illimitée aux consommateurs est injuste ou défaillante ?
Préférerions-nous vraiment un monde où il serait plus difficile et plus coûteux de sortir de la musique ?
Est-ce que cela équivaudrait à une meilleure musique ?
Cela vaudrait la peine de réduire la quantité de musique diffusée pour que moins de musiciens indépendants gagnent plus d’argent ?
Pour la rémunération équitable n’est pas mise en application et que les plateformes comme Deezer préfèrent l’artist centric ?
Pourquoi, au lieu que chacun essaye de tirer le pognon vers soit, nous n’arrivons pas à trouver le modèle le plus équitable, avec, il est sûr, le besoin que chacun accepte des compromis pour que chacun y gagne.
En attendant, si vous voulez développer votre projet musical, votre visibilité et votre audience, c’est possible.
Si vous attendez qu’on découvre votre musique sur les plateformes, en effet ça va être compliqué.
Si vous vous bougez un peu, et passez à l’action, de belles choses arriveront. Si vous avez besoin d’un coup de pied au derrière pour vous aider à avancer, vous trouverez toutes mes formations et mes services sur ce site 🙂