De mon côté, je vois pas mal de publications anglosaxones sur le sujet, et forcément je regarde un peu, en mode veille, tout ce qui s’en dit.
Je pense que cela peut t’intriguer autant que moi. Et je pense que si le sujet se développe, tu dois, comme tout musicien, être au courant, en avance, de ce qu’il se trame !
Que signifie NFT ?
NFT, signifie littéralement « Non-Fungible Token ». Je ne sais pas vraiment comment le traduire en français au moment où je vous rédige cet article …
« Fungible » est quelque chose qui a une valeur définie. Comme un billet de 5 euros. Un billet de 5 euros équivaut à 5 euros. Vous pouvez « échanger » ce billet contre un autre billet de 5 euros : ils ont la même valeur et la même utilité.
« Non fungible » signifie qui n’a pas une valeur définie. Et ne peut donc être « échangé » avec un autre puisqu’un objet « non fungible » est unique.
Cela peut être un objet acheté à une enchère par exemple. Ou une édition limitée, ou un objet collector.
Les « Tokens » sont la version numérique de ces objets uniques, en version limitée, collectors. On parle aussi de « jeton ».
Ils sont unique en leur genre.
Dans le monde « physique », on pourrait comparer cela, par exemple, aux vinyles qui sont numérotés et n’ont pas tous la même valeur (même si c’est le même contenu).
Ou par exemple.. la guitare Stratocaster d’Hendrix. Même s’il y a des milliers de Fender Stratocaster dans le monde, celle sur laquelle Hendrix a joué est unique. Parce qu’il a joué avec.
Ou encore un tableau d’art. Un tableau ne peut exister qu’une fois sous sa forme. Même si l’artiste en faisait une copie, chaque version serait unique.
Un NFT peut être n’importe quel fichier numérique : un jpeg, wav, mp4, .mov, mp3, gif. Des vidéos entre 10 secondes et une minute.
Comment fonctionnent l’achat et vente des NFTs ?
Comme dans une salle des ventes, vous pouvez consulter des collections d’artistes sur des sites comme, les plus connus, Solanart ou Opensea. Avec plusieurs « items » disponibles, ayant chacun un « rank » indiquant sa rareté dans la collection.
Vous pouvez décider d’en acheter un, si le prix vous convient et le garder (on parle de « hold ») s’il a du potentiel long terme pour prendre encore plus de valeurs.
Vous pouvez aussi le revendre plus cher que le « floor price » (prix le plus bas de la collection). Certains revendent leur NFT en mode enchère, d’autre en achat direct.
Toutes les transactions sont tracées sur la Blockchain. A chaque achat (ou revente), un block est créé dans le cloud sécurisé de la Blockchain et chaque block … créer une chaine. D’où le nom de … Blockchain 🙂
La Blockchain est donc un cloud sécurisé traçant l’authenticité des NFTs et toutes les transactions, et les contrats.
La blockchain
La blockchain peut être vue comme une grande base de données qui retrace l’historique de toutes les transactions effectuées sur un objet numérique. Avec des « smarts contracts« .
Il existe plusieurs blockchains. Oui je sais, tout ça est un peu compliqué …
Dans le monde virtuel, tout se paye en cryptomonnaie (comme le Bitcoin – BTC – si cela vous parle).
Concernant les NFTs, il existe deux monnaies principales : l’Ethereum (ETH) et Solana (SOL).
Pour vous faciliter la compréhension, imaginez des devises comme l’EURO, l’USD, le DOLLARS etc… ici ce sont des BTC, ETH, SOL.
La plateforme Opensea fonctionne sur la blockchain Ethereum. La plateforme Solanart fonctionne sur la blockchain Solana. Vous devez donc, si vous souhaitez acheter des NFTs, convertir des Euros dans une de ces deux monnaires suivant la plateforme utilisée. Et si vous vendez des NFTs, vous devrez convertir vos revenus en Euros par la suite.
La blockchain apporte également une révolution pour les artistes pour une gestion plus transparente de leurs droits, des rémunérations plus rapides et équitables.
Pourquoi je vous parle de NTFs aujourd’hui, et pourquoi surveiller son évolution ?
Tu peux retenir qu’à ce jour, le NFT concernait surtout l’art graphique. Des artistes vendaient des œuvres uniques sur le monde du numérique.
Les NFTs étaient aussi principalement ce qu’on appelle les « collectibles » : des cartes numériques uniques à collectionner. Un peu comme les cartes Pokémon. Ou à l’époque, les cartes de foot PANINI. Dans chaque paquet de cartes, tu as des cartes plus rares que les autres. Elles ont donc plus de valeur. Ce qui explique pourquoi certains NFTs se vendent très chers. Car ils sont rares.
Les collectibles sont les NFTs qui se vendent le mieux car ils sont très demandés, permettent de spéculer rapidement et faire des « quick flip » (achat prix bas et revente avec un petit (ou gros) bénéfice).
Des artistes musicaux ont flairé la bonne occasion (comme King of Leon) et ont vendu des exemplaires uniques de leurs albums via ce procédé.
Ce qui est incroyable, c’est que ces objets, produits numériques, dépassent des sommes incroyables aux enchères !!! Un artiste que j’accompagne, Fixxions, très à jour sur les sujets du blockchain et du NTFs, me racontait qu’il se vend dans ce monde numérique des tableaux très simples à des prix dépassant toute décence …
Quelques exemples d’artistes du milieu musical :
Kings of Leon sort un album en « NFT » sur la blockchain, une première | Les Echos
Ari’s Take, musiciens Americain, explique dans un article qu’un artiste avait 27 000 abonnés sur Instagram. Un artiste visuel et musical qui a fait près d’un million de dollars sur ses tokens !
La célébrité dans le « monde réel » n’équivaut pas nécessairement au succès avec le NFT. Un autre artiste avec 60 millions d’abonnés Instagram n’a fait que 380 000 $ sur ses tokens (oui, ok, on aimerait tous faire cela ! mais c’est pour montrer la différence avec l’artiste qui a 27 000 abonnés).
Par contre, ce qu’il faut bien comprendre : sans communauté derrière l’artiste, il y a très peu de chances de vendre ses NFTs chers, voir de les vendre tout court.
Car ils intéresseront aucun acheteur. Beaucoup pensent qu’il suffit de réaliser un objet numérique et qu’il pourra le vendre facilement. Mais rien n’arrive sans rien (sauf cas rares).
Imaginez que vous organisez un concert, êtes totalement inconnu, et vendez vos places pour assister à votre prestation. Si vous n’avez aucune audience, peu de chances de remplir la salle. C’est pareil pour tout. Et les NFTs ne font pas exception.
Généralement, les projets NFTs et les équipes créatives sont très présentes sur Twitter et Discord. C’est ainsi que, les futurs acheteurs, vérifient le potentiel du projet : en allant sur les réseaux sociaux du projet et en regardant l’engagement REEL (les bots sont vites détectés). S’il y a un gros engagement (et de la « hype »), cela signifie que le projet a du potentiel, et que les vendeurs pourront revendre facilement, et à prix élevé, le NFT acheté. C’est un système simple d’offre et de demande. Comme à la bourse.
Ou alors, il faut être un artiste ayant déjà une bonne renommée pour que l’audience souhaite le soutenir et garder ses collectors NFTs.
Alors, le NTFs pourrait changer la donne ?
Fini de se fixer sur des chiffres de stream sans réelle valeur pour donner du sens à son art avec ce nouveau concept ? Le NFT pourrait, en effet, être une solution pour les artistes indépendants d’avoir plus de revenus que le streaming. A chaque vente de leur NFT, ils toucheront un pourcentage. Et sans intermédiaire, directement de l’acheteur à l’artiste. Mais il est important de travailler sur son projet et son audience avant.
Reste la question du droit de la propriété intellectuelle. Ce concept est encore en dehors de nos frontières avec un système de gestion du droit d’auteur différent.
Pour les pays qui fonctionnent sur le principe du Copyright (USA par exemple), le système de Blockchain est une révolution car, pour la première fois, ces artistes seront rémunérés à chaque vente de leur NFT. Chez nous, qui fonctionnent sur le principe du droit d’auteur et voisin, c’est déjà le cas. Enfin presque …
Se pose aussi la question du partage des droits. En achetant l’œuvre unique, l’acheteur récupère une partie des droits de propriété de l’œuvre. Est-ce applicable chez nous ? Cela deviendra obsolète de dépendre d’une société de gestion de nos droits pour privilégier ce mode de transfert ? Ou les sociétés de Gestion Collective comme la Sacem pourraient s’appuyer sur la blockchain, qui trace l’authenticité et les achats/ventes des NFTs, pour gagner du temps dans les diffusions du streaming, par exemple, et rémunérer de façon équitable les auteurs, compositeurs, éditeurs, producteurs et interprètes ?
Distrokid est le premier service à proposer la possibilité de créer des NFT gratuitement via sa plateforme, suivi de Bandcamp qui propose sur sa plateforme de vente en ligne la possibilité d’acheter dans ce format, au moment où je rédige cet article.
Affaire à suivre !
PS : l’article date de 2022. En 2024, les NFTs n’ont pas vraiment fleuris chez les artistes indépendants. Mes prédictions n’étaient pas si mauvaises !